Isis Adjointe à la qualité de vie
Nombre de messages : 4193 Localisation : Villepinte Date d'inscription : 25/11/2004
| Sujet: L'homme de la Mancha Jeu 4 Aoû à 4:43 | |
| L’HOMME DE LA MANCHA En 1967, lors de son dernier spectacle à New York, Jacques Brel assiste à une représentation de "L'Homme de la Mancha" et décide de monter cette comédie musicale en Europe. Il l'adapte en français, et elle est jouée pour la première fois en France le 4 octobre 1968. Le CD comporte 12 chansons superbes, dont « la quête », restée célèbre, et le final .
Brel joue le rôle de Don Quichotte, le Chevalier à la Triste Figure, plus ou moins désabusé, redresseur de torts et pourfendeur de moulins à vents, qui sont dans son esprit ses ennemis. Il a perdu ses illusions sur le monde et les hommes et on ne peut pas s’empêcher de voir un parallèle avec Brel, comme s’il incarnait son double de roman , les premiers mots de la pièce étant assez parlants :Ecoute moi Pauvre monde, insupportable monde C'en est trop, tu es tombé trop bas Tu es trop gris, tu es trop laid Abominable monde Ecoute moi Un chevalier te défie Oui c'est moi, Don Quichotte, Seigneur de la Mancha Pour toujours au service de l'honneur Car j'ai l'honneur d'être moi., don Quichotte...La comédie musicale prend une dimension exceptionnelle, entre l’interprétation de Brel et celle de Joan Diener, qui incarne Aldonza, prostituée que don Quichotte prend pour la gente Dame Dulcinée. Ils « sont » les personnages et leur donnent un souffle inoubliable.
Lorsque j’ai découvert cette œuvre pour la première fois en album vinyl à mes 20 ans, j’en ai été particulièrement touchée. Pour être honnête, il y a deux ou trois chansons qui m’indiffèrent (importantes cependant pour la compréhension de l’histoire ). Pour être encore plus honnête, Joan Diener a une voix qui n’est pas ma tasse de thé, et un accent qui arrache les oreilles…mais elle est d’une sincérité absolue et son interprétation de la chanson « Aldonza », en particulier, est telle qu’on sent le vent de la rage et de la révolte de son personnage :Mais chassez donc vos nuages et regardez-moi telle que je suis Une Dame, une vraie Dame a une vertu, a une âme Dieu de Dieu, de tous les pires salauds que j'ai connus Vous qui parlez d'étoile, vous qui montrez le ciel, Vous êtes bien le plus infâme, le plus cruel Frappez-moi, je préfère le fouet à vos chimères, Frappez-moi jusqu'au feu, jusqu'au sol, jusqu'à terre Mais gardez votre tendresse, rendez-moi mon désespoir Je suis née sur le fumier et j'y repars...Je suis encore maintenant, à ma je-ne-sais -plus -combientième écoute, touchée profondément par la fin de Don Quichotte et ce dialogue musical entre Aldonza et lui jusqu’à son dernier souffle…
Je ne sais pas comment vous faire partager mieux mes sentiments envers cette œuvre, simplement vous dire que malgré le fait qu’elle comporte des choses qu’à priori je n’aime pas, c’est un coup de cœur en même temps qu’un coup au cœur.
C’est un CD à écouter, pas seulement à entendre. Je ne sais pas si la magie opérera pour vous, mais pour moi elle a opéré à plein, et elle est présente à chaque fois. | |
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